SOCIETE FRANCO-ALGERIENNE DE PSYCHIATRIE

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PREMIER CONGRES FRANCO-ALGERIEN DE PSYCHIATRIE

SOUFFRANCES ET MEMOIRES

3 et 4 Octobre 2003

H�pital Europ�en Georges Pompidou (Paris)

 

" je reste troubl� par l'inqui�tant spectacle que donne le trop de m�moire ici, le trop d'oubli ailleurs, pour ne rien dire de l'influence des comm�morations et des abus de m�moire - et d'oubli. L'id�e d'une politique de la juste m�moire est � cet �gard un de mes th�mes civiques avou�s."   Paul Ric�ur

Pr�sentation du programme

   

En pr�sence de Monsieur Mohammed Bedjaoui

Introduction  (Pr F. Rouillon)

Pr�sentation du  congr�s (Dr M. Taleb)

Revue de presse

Lire la D�claration de S.E.M. Mohammed Bedjaoui, ancien Ambassadeur d'Alg�rie � Paris (France), � l'occasion de  l'hommage international � Frantz Fanon. S�ance sp�ciale du Comit� Sp�cial des Nations Unies contre l'apartheid, 3 novembre 1978

Allocution de Monsieur Mohammed Bedjaoui, Pr�sident du Conseil Constitutionnel, � l'ouverture du Premier Congr�s franco-alg�rien de Psychiatrie, Paris-3 octobre 2003.

 

Pr�sidents d'honneur :   Pr Farid Kacha 
    Pr Henri L�o
Pr�sident du congr�s :   Pr Fr�d�ric Rouillon
Responsable du congr�s :   Dr Mohammed Taleb

 

Programme  Ateliers 
Comit� scientifique Auteurs

Partenaires :

Commissariat G�n�ral de l'Ann�e de l'Alg�rie en France

Soci�t� Alg�rienne de Psychiatrie

F�d�ration Fran�aise de Psychiatrie

L'Association Alg�rienne des Psychiatres d'Exercice Priv�

 

Secr�tariat scientifique : Dr Philip Gorwood 

Service de psychiatrie (Pr J. Ades), CHU Louis Mourier

178, rue des Renouillers 92701 Colombes Cedex

Responsable de l'organisation : Dr Mohammed Taleb 

Accueil Psychiatrique, H�pital Ren� Dubos

6, Avenue de l�Ile de France 95300 PONTOISE

Comit� d'organisation : Dr Rafik Masmoudi (HEGP) : Coordinateur

Dr Edmond Guillibert  (HEGP)  

Dr Rachid Houssine

Dr St�phane Mouchabac

 

Souffrances et m�moires Djaza�r 2003

Les traumatismes li�s � la guerre d'Alg�rie sont tr�s peu connus. Pourtant, quarante ans plus tard, ils existent toujours et hantent des centaines de milliers de personnes, des deux c�t�s de la M�diterran�e. Pour sensibiliser les psychiatres des deux rives, Paris accueille, les 3 et 4 octobre, un congr�s qui leur est consacr� dans le cadre de Djaza�r, une Ann�e de l'Alg�rie en France.

Afrika.com

� C'�tait comme si on avait ouvert des vannes pour laisser couler la boue, toute la fange d'un pass� qui s'av�re soudain tr�s proche et encore sensible. Comme si en passant le doigt ou en palpant une cicatrice ancienne dont les bords s'�taient referm�s, croyait-on, on sentait un l�ger suintement, qui se transforme peu � peu en une purulence qui finit par s'�couler de plus en plus abondamment, sans qu'on puisse l'arr�ter �, �crit l'Alg�rienne Ma�ssa Bey dans l'un de ses derniers livres, Entendez-vous dans les montagnes... Voil� ce qui se passe lorsque la m�moire remonte � la surface� Aux prises avec ses souvenirs familiaux, l'auteur fait ressurgir, entre les lignes, le spectre de la guerre d'Alg�rie (1954-1962).

Ma�ssa Bey n'est pas la seule � se d�battre avec ces d�mons. Des centaines de personnes, de chaque c�t� de la M�diterran�e, souffrent d'�tats post-traumatiques li�s � la guerre d'Alg�rie. � Pourtant, il y a un silence total, absolu autour de ce probl�me. Alors qu'en tant que psychiatres, nous sommes inond�s par les �tudes de traumas li�s � la guerre du Vietnam ou � celle, plus proche, du Kosovo, il n'y a que deux-trois travaux isol�s qui relatent les traumatismes dus � la guerre d'Alg�rie �, explique Mohammed Taleb de l'H�pital Ren� Dubos � Pontoise (France).

40 ans apr�s la � sale guerre �

Les raisons de ce silence ? � En Alg�rie, la guerre est trait�e de fa�on restreinte, partisane. C'est une guerre glorieuse qui a men� � l'ind�pendance. Il est mal vu d'�voquer les souffrances auxquelles ont d� faire face les Alg�riens. L'autre raison principale, c'est la sous-m�dicalisation. Il y a eu peu de psychiatres apr�s-guerre et aujourd'hui, ils sont tous tr�s jeunes. Leur doyen a �t� dipl�m� � la fin des ann�es 70 ! Ils n'ont donc pas exerc� pendant la guerre et se concentrent aujourd'hui sur les traumas plus r�cents et la violence des ann�es 90. Enfin, il y a des raisons �conomiques : reconna�tre l'existence de troubles psychologiques, c'est reconna�tre la n�cessit� d'une r�paration financi�re �, explique le psychiatre.

C�t� fran�ais, au-del� du m�me argument �conomique, c'est la culpabilit� qui domine. Les anciens appel�s ont du mal � parler de cette � sale guerre � o� ex�cutions sommaires, rafles, tortures ou viols faisaient partie de l'arsenal de combat. Sur plus de 2 millions d'appel�s, 350 000 anciens d'Alg�rie souffriraient de troubles psychiques li�s � la guerre. Une estimation r�alis�e en 2000 et qui repose sur un parall�le avec des �tudes am�ricaines sur la guerre du Vietnam. Cit�e par Le Monde � l'�poque, elle r�v�le qu'� un v�t�ran sur quatre revit, quarante ans apr�s, les exactions vues, subies ou commises �. � C'est sans compter les civils, les rapatri�s, les �migr�s, des centaines de milliers de personnes �, pr�cise Mohammed Taleb. C'est sans compter aussi sur la transmission g�n�rationnelle, dont Ma�ssa Bey est un exemple, exorcisant par l'�criture la torture et l'assassinat de son p�re. Mais tous n'arrivent pas � d�voiler leur histoire ou � mettre des mots sur leurs maux.

Cauchemars r�currents

Afin de sensibiliser les psychiatres alg�riens et fran�ais et d�montrer que les traumas existant pendant la guerre sont encore l�, Mohammed Taleb, pr�sident de la Soci�t� franco-alg�rienne de psychiatrie est � l'origine du premier congr�s de psychiatrie qui leur est consacr�. Les 3 et 4 octobre, dans le cadre de Djaza�r, une Ann�e de l'Alg�rie en France, l'Auditorium de l'H�pital europ�en Georges-Pompidou � Paris accueille plus de 300 psychiatres, dont une cinquantaine exercent en Alg�rie.

� Nous n'�voquerons pas la m�moire historique mais la m�moire traumatique : une m�moire qui souffre, une souffrance se traduisant par de l'anxi�t�, des d�pressions� Nous nous demanderons ce que sont devenus ces troubles 40 ans apr�s et pourquoi personne (les patients comme les psychiatres) n'en parle. � Au-del� de l'approche clinique, le congr�s abordera la m�moire sociale et collective, en compagnie d'historiens, de sociologues, d'�crivains et de chercheurs.

� La m�moire traumatique est extr�mement complexe. Les v�t�rans vont bien en apparence mais 20 ou 30 ans plus tard, � la faveur d'un �v�nement marquant, d'un d�c�s ou du visionnage d'un film, les ph�nom�nes ressurgissent. Ils sont capables d'�voquer leur pass� avec une pr�cision d�routante, leur m�moire visuelle, olfactive et sonore est intacte� J'ai souvent affaire � ce genre de traumas m�me si les gens n'en parlent pas spontan�ment, g�n�s par la culpabilit�, la pudeur, la honte. J'ai entendu des r�cits terribles. Ces personnes ont v�cu leurs souffrances dans le silence le plus intime, c'est encore plus affreux. Elles font des cauchemars r�currents, sursautent au moindre bruit, c'est obs�dant �, r�sume Mohammed Taleb.

V�t�rans traumatis�s

� Tous les v�t�rans que j'ai rencontr�s, et qui avaient � l'�poque �t� reconnus aptes � supporter la guerre lors d'une visite d'incorporation, en sont rest�s marqu�s, traumatis�s. Depuis leur retour, ils ont toujours souffert, mais ils ne savent pas qu'ils souffraient de l�-bas. Le jour, ils arrivent � oublier, mais la nuit, dans les r�ves traumatiques, tout revient. Compar�e au moment du traumatisme, la situation du r�ve a ceci de diff�rent que le traumatis�, lors de cet �v�nement, n'est pas seul. Mais lors des cauchemars et des r�ves traumatiques, apr�s la reproduction de l'image, de l'action, il est seul et se sent seul responsable �, rench�rit Marie-Odile Godard, ma�tre de conf�rences � l'Universit� de Picardie-Jules Verne.

L'objectif du congr�s est de lancer enfin des �tudes �pid�miologiques et de pr�valence pour cerner l'ampleur du ph�nom�ne. � Nous sommes persuad�s que ce sont des troubles beaucoup plus fr�quents qu'on ne le pense mais cela reste � d�montrer �, pr�cise Mohammed Taleb. Pour que les anciens combattants des deux rives surmontent leurs traumatismes, le site Internet de la F�d�ration nationale des anciens combattants Alg�rie-Maroc-Tunisie r�sume bien l'�quation : � les chemins de l'avenir doivent emprunter ceux de la m�moire �.

Olivia Marsaud