Le phénomène est inquiétant à Tizi Ouzou : deux suicides tous les 10 jours

Convaincue que la meilleure manière pour lutter contre le suicide reste la prévention, l'association Izuran n'tmurth de Tizi Ouzou a pris l'initiative d'organiser, depuis hier à la maison de la culture Mouloud-Mammeri, trois journées de sensibilisation sur ce phénomène qui demeure des plus inquiétants dans cette wilaya.

En effet, les statistiques établies par la gendarmerie, d'un côté, et la Protection civile, d'un autre, sur le suicide dans la wilaya de Tizi Ouzou pour l'année 2005, bien que légèrement différentes, démontrent combien ce phénomène est effectivement inquiétant et qu'il prend toujours, depuis quelques années, des proportions alarmantes, notamment dans certaines wilayas du pays telles que Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira, Oran, Skikda, Tlemcen et Mila. Dans son bilan, la gendarmerie a enregistré 35 cas de suicide dans la wilaya de Tizi Ouzou, avec donc une moyenne d'un suicide chaque 10 jours, alors que la Protection civile, dans son bilan de la même année, a enregistré 23 cas et 7 tentatives dont les sujets ont pu être sauvés. Dans une enquête réalisée par la Gendarmerie nationale, et dont les résultats sont exposés à la maison de la culture Mouloud-Mammeri, il est relevé que 63% des suicidés sont des chômeurs et que la pendaison représente 70% des moyens utilisés pour se suicider, suivie de l'empoisonnement. D'après les statistiques établies par la Protection civile pour la période allant de 2001 à 2005, il ressort encore que le plus grand nombre de suicidés sont de sexe masculin et que le nombre, de 23 suicidés, enregistré en 2005 est le plus bas de la période, sachant qu'en 2001, le nombre de suicidés était de 44, en 2002, de 71, en 2003 de 35 et en 2004 de 44. Il est à signaler que les statistiques réalisées en 2000 étaient encore plus effarantes. 100 cas de suicides ont été enregistrés durant cette année et les localités les plus touchées sont Aïn El Hammam et Aït Yahia avec 20 cas chacune et puis Tigzirt avec 19 cas. Quant aux causes de suicide, les différentes études et enquêtes réalisées relèvent que celles-ci diffèrent d'un cas à un autre mais se situent toutes entre le vide spirituel, une perte problématique, des conflits antérieurs, et l'accumulation de troubles. Chez les adolescents, les cas de suicide sont souvent liés à l'échec scolaire, notamment lorsqu'il est suivi de rejet, à la dissociation familiale ou à une rupture amoureuse. C'est sur la base de ces études, enquêtes et bilans qui démontrent, on ne peut plus clair, que la situation du suicide est toujours alarmante dans la wilaya de Tizi Ouzou que l'association Izuran n'tmurth a d'ailleurs décidé d'organiser ces journées de prévention durant lesquelles des brochures, indiquant surtout ce qu'il faut faire et ce qu'il faut éviter pour sauver "les candidats au suicide", sont distribuées et qu'une conférence intitulée "Prévenir le suicide" devait être animée par le chef de service psychiatrie du CHU de Tizi Ouzou, le Dr Bouzidi, dans l'après-midi d'hier.

Samir Leslous
Liberté
2 avril 2006