Mise en garde contre le détournement du Baclofène en traitement minceur

On le connaissait notamment comme traitement contre l'alcoolisme, mais le baclofène est régulièrement détourné de son usage par certains patients comme traitement minceur. Une pratique qu'a dénoncée, vendredi 2 janvier, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), avertissant des « effets indésirables potentiellement graves » qu'elle implique.

L'agence a ainsi confirmé une mise en garde diffusée à la fin de décembre contre une utilisation « hors AMM » (autorisation de mise sur le marché) du baclofène afin de traiter « des troubles du comportement alimentaire » ainsi que dans des « régimes amaigrissants ». Un détournement qui n'est pas sans rappeler l'usage du Mediator comme coupe-faim, à l'origine d'un scandale sanitaire majeur ayant causé la mort de 1 300 à 1 800 personnes en France.

Le baclofène est un relaxant musculaire utilisé depuis les années 1970 pour traiter les contractures, en particulier causées par des scléroses en plaques. Depuis mars 2014, il dispose aussi d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) pour traiter la dépendance à l'alcool.

SUPPRESSION DU « CRAVING »

La popularité de ce médicament bon marché avait explosé en 2008 avec la publication du livre Le Dernier Verre, du docteur Olivier Ameisen, qui l'avait lui-même expérimenté. Devenu alcoolique, ce cardiologue, mort l'an dernier, racontait comment ce médicament pris à hautes doses avait supprimé son envie irrépressible de boire, le « craving ».

Les médecins peuvent prescrire le baclofène pour traiter l'alcoolisme en cas « d'échec des autres traitements disponibles ». L'enjeu de santé publique est majeur : l'alcool serait responsable de 49 000 morts par an en France, selon l'Institut Gustave-Roussy.

Par contre, l'efficacité du baclofène n'a pas été démontrée pour des usages de lutte contre des troubles du comportement alimentaire, souligne l'ANSM. L'agence ajoute que ce médicament peut entraîner des « effets indésirables potentiellement graves ».

Le Monde.fr avec AFP | 02.01.2015