Plus de 500 tentatives de suicide : la famille et les autres échecs

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le chômage et la pauvreté ne représentent pas les causes principales des tentatives du suicide à Oran, explique Mme Sbaâ, psychologue et professeur à l'université d'Oran. L'enquête menée par des chercheurs et médecins a révélé que les personnes qui ont attenté à leur vie souffrent en général de crise suicidaire due au manque de communication, d'affection et de compréhension au sein de leur entourage. «On ne me comprend pas. On ne m'écoute pas. On ne m'aime pas», ce sont les termes qui reviennent chez la majorité des personnes qui ont fait des tentatives de suicide, a déclaré la même intervenante lors de la rencontre organisée, hier, au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), en présence de chercheurs et de médecins de l'ouest et l'est du pays.

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Les enquêtes menées sur ce phénomène, en progression ces dernières années, convergent. Les mêmes causes sont décelées même si les moyens utilisés diffèrent d'une région à une autre. Selon l'étude menée en 2003 par des chercheurs du CRASC, 508 cas de tentatives de suicide (TS) ont été enregistrés, dont 238 cas le premier semestre et 270 cas au 2ème semestre. «Une baisse des cas de TS a été enregistrée aux mois d'avril et mai, avec 29 et 3 cas respectivement pour la simple raison qu'on se suicide moins au printemps !», fait remarquer la psychologue. Cependant, le pic est atteint durant l'été et jusqu'au mois de décembre avec une légère baisse au mois du Ramadhan.
Une autre enquête menée au niveau des services des urgences du CHUO a montré qu'entre 2001 et 2003, le nombre de tentatives de suicide a considérablement augmenté, passant de 295 cas en 2001, à 400 cas en 2002 et 508 cas en 2003. La tranche d'âge la plus touchée se situe entre les 16 et 30 ans, avec des tentatives de suicide plus fréquentes chez les femmes que les hommes. «Mais le suicide avéré reste plus fréquent chez le sexe masculin», indique la psychologue. Pour évaluer l'ampleur de ce phénomène dans la société, une enquête sociale a été réalisée sur un échantillon de 400 personnes. Selon Mme Mimouni, maître de conférences à l'université de Mostaganem, la majorité des personnes interrogées qualifient le suicide de crime et contraire à la religion. Les causes des tentatives de suicide sont liées en général aux disputes familiales (32%), échecs amoureux (12,32%), séparation des parents et divorces (5,47%).
Concernant la prise en charge de ces malades, le Dr Djaoui, psychiatre à l'EHS de Sidi Chahmi, insiste sur une prise en charge dès le début de l'identification et l'évaluation de la crise sans jamais banaliser l'acte.

B. Mokhtaria
Le Quotidien d'Oran
24 février 2005

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