En Algérie, 59% de morts subites causées par le stress

SELON UNE ÉTUDE D'AUTOPSIE MÉDICO-LÉGALE

Le centre hospitalo-universitaire Nédir-Mohamed de Tizi Ouzou abrite depuis hier un séminaire sur le stress dans la société algérienne. Ces communications qui entrent dans le cadre des 1re journées nationales de psychiatrie auront fait la lumière sur un côté resté, jusque-là, sombre chez les Algériens.

La violence subie est un facteur, selon tous les spécialistes de la question, structurant de la personnalité. Hier donc, à l'ouverture, plusieurs faits liés au stress ont été relatés. L'événement ou l'impact traumatique sur les victimes a été abordé dans une communication présentée par des spécialistes du CHU de Bab El Oued intitulée Stress et violence. Expérience du service de médecine légale du CHU de Bab El Oued. D. Bencherik, O.Boukhlifa, K. Boussayoud, D. Sihadj, M.S. Laidli ont détaillé l'impact de la violence sur l'état de stress dans la société algérienne. Les blessés dans leur corps et dans leur âme, les témoins de violences collectives, les parents de victimes décédées suite à des violences entraînent inévitablement la survenue d'un stress post-traumatique qui se manifeste dans sa phase initiale par une sidération anxieuse, une agitation inadaptée ou un oubli total ou partiel des faits, affirmaient-ils, en guise de présentation de leur travail.
En fait, l'étendue de ce phénomène apparaît plus évidente à la lecture des chiffres donnés par les mêmes spécialistes. Une étude d'autopsie médico-légale sur 1008 cas donne des chiffres effarants en effet. 59% de cas meurent de mort subite.
Le suicide, de son côté, un phénomène intimement lié au stress, tue autant que les accidents. 10% de morts par suicide alors que les morts par accident sont de 11%. La même étude affirme que sur la période 2008 à 2012, le même service a enregistré 17 189 cas de violence volontaire.
Par ailleurs, l'intervention du Dr Ziri, directeur général du CHU Nédir de Tizi Ouzou révélait des réalités jusque-là cachées dans le milieu professionnel.
A travers une étude prospective réalisée au niveau du CHU de Tizi Ouzou, l'auteur a indiqué que 47% des personnes ont déclaré ne pas être respectées dans leur milieu de travail, tandis que plus de 50% sont maltraitées par leur hiérarchie.
Ces mêmes comportements sont à l'origine de stress qui se mue en dépression et parfois en véritable problème psychologique. Enfin, le thème choisi est au centre d'intérêt de toutes les catégories de la société qui ont vécu une période de violence inouïe durant deux décennies. Les années de terrorisme ont marqué et marqueront la société algérienne pour plusieurs générations.
D'ailleurs, c'est la question que se sont posés les spécialistes sur la capacité de notre système de santé s'il est capable de prendre en charge les personnes atteintes de stress post-traumatique.
Leur réponse était affirmative, mais en attendant, les victimes de la violence attendent qu'on leur donne la chance de parler.

 

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