Etablissement psychiatrique de Oued Aïssi : forte pression sur l'hôpital

L'hôpital spécialisé en psychiatrie, Fernane Hanafi, de Oued Aïssi (EHS), distant de 10 km de la ville de Tizi Ouzou, suffoque sous la forte affluence des wilayas limitrophes.

Cet établissement à vocation régionale accueille les patients des wilayas de Boumerdès, Bouira et de Béjaïa, en plus de ceux de Tizi Ouzou. Le service consultation enregistre une moyenne de 150 visites par jour, selon un praticien. Faute de places, des malades nécessitant un séjour à l'EHS se voient accorder une ou deux journées d'observation seulement ou carrément renvoyés chez eux. « Parfois, les patients sont triés et l'on ne retient que les cas les plus urgents », avoue un infirmier. D'une capacité de 330 lits, ouvert en 1972, l'EHS ne peut plus satisfaire une population de handicapés mentaux de plus en plus croissante.

Le nombre total de cette catégorie de malades s'élève à 11 226 patients, selon les chiffres de la direction de wilaya de l'action sociale. Sur les cinq pavillons que compte l'EHS, un seul est affecté aux femmes. Le service « fermé » est mixte et il est destiné à des patients spécifiquement violents. Des indiscrétions font état du placement de « certains névrotiques dans la même chambre que d'autres malades ». L'on indique par ailleurs que les quelque 400 employés que compte l'EHS sont insuffisants. A l'exception des consultations quotidiennes, les admissions en pédopsychiatrie ne sont pas assurées. Cet état de fait pénalise les parents des patients. Ces derniers sont pour la plupart issus des milieux défavorisés. Les familles qui sont confrontées à ce genre de problème éprouvent d'énormes difficultés à s'occuper de leurs parents malades. Déplacer un malade ou lui rendre visite, pour les gens éloignés, s'avère onéreux et compliqué. A ce propos, un responsable administratif déclare que « c'est aux élus locaux et aux pouvoirs publics de faire quelque chose pour l'ouverture de nouveaux établissements de ce genre ». La pression exercée sur l'EHS de Oued Aïssi influe négativement sur la qualité d'accueil et des soins fournis aux malades. Un jeune, dont le frère était atteint d'une dépression quelques mois après sa sortie du service national, s'insurge : « Quand j'ai ramené mon frère ici, il était sain physiquement. En lui rendant visite quelques jours après, il se grattait les bras à en saigner, du fait d'une infection. » D'autres parents ont témoigné que le manque d'hygiène est flagrant, notamment pour la literie. Des infections que l'administrateur ne nie pas : « Les nouveaux internés contractent en effet de légères infections dues à des allergies, avant qu'ils ne s'adaptent. » Il est signalé par ailleurs que des antidépresseurs et des neuroleptiques sortiraient sournoisement de l'établissement et ce, malgré « le système de gestion rigoureux du médicament, préconisé par le ministère de tutelle ». Mais ces produits tombent vraisemblablement entre des mains incorrigibles. « Il arrive parfois de céder des médicaments sur ordonnance de médecin privé, à des patients habitués à notre établissement lorsque le produit vient à manquer », se défend notre vis-à-vis.

Nordine Douici
El Watan
16 août 2007