Sur les 15 000 recensés : un millier de malades mentaux dans les rues

Au moins un millier de malades mentaux circulent librement dans les rues de la capitale », affirment des sources proches de l'administration de la wilaya d'Alger. D'après ces mêmes sources, le nombre de malades mentaux recensé dans la capitale tournent autour de 15 000.

La plupart d'entre eux sont, actuellement, internés. « Au dernier recensement de la population effectué en 1998, le nombre de personnes atteintes de handicaps mentaux étaient de moins de 14 000 », rappellent nos sources. Et d'ajouter : « Pour l'heure, nous ne pouvons faire que des estimations approximatives en raison de l'absence de chiffres officiels récents. Il reste que l'estimation faisant état d'un millier de malades mentaux en liberté reste la plus plausible. » Il y a lieu de signaler, au passage, que l'Algérie est, aujourd'hui, l'un des rares pays où un grand nombre de malades mentaux échappe à tout contrôle. Ce constat donne, en effet, à réfléchir d'autant que bon nombre de ces malades sont violents.

Les agressions physiques perpétrées par les personnes atteintes de troubles psychologiques sur les passants, notamment les femmes, sont trop fréquentes pour passer inaperçues. Les réactions imprévisibles des malades mentaux circulant dans les rues peuvent déraper vers de véritables crimes. Il y a moins de 2 ans, une femme âgée a été tuée à coup de barre de fer par un fou dans les environs de la commune de Bachedjarah. Un tragique événement qui risque de se répéter à l'avenir au vu du nombre de plus en plus élevé de malades mentaux qui sillonnent les rues de la capitale. « Les malades mentaux qui circulent dans la capitale appartiennent, en fait, à deux catégories. La première est celle des malades ayant des familles et qui peuvent donc rentrer chez eux où être récupérés par leur famille. La deuxième catégorie, par contre, est celle des sans domicile fixe qui n'ont d'autres demeures que la rue », expliquent nos sources. Et de préciser : « De nombreux malades viennent d'autres villes du pays, ce qui explique, en partie, l'évolution de leur nombre au niveau de la wilaya d'Alger. » On nous informe, par ailleurs, que l'évolution du nombre de personnes atteintes de troubles psychologiques est également liée aux événements ayant marqué le pays durant la dernière décennie.
« Le nombre de personnes affectées psychologiquement durant les années 1990, en raison des événements tragiques qu'a connus le pays, a connu une augmentation considérable », soulignent nos sources. Il y a lieu d'ajouter, en outre, que les nombreux problèmes sociaux vécus par les Algériens durant ces dernières années ont eu des effets dévastateurs sur bon nombre de personnes. Nous sources informent, justement, que « la majorité écrasante des malades mentaux recensés dans la capitale est âgée de 20 à 60 ans. La plupart d'entre eux sont manifestement devenus malades à l'âge adulte, ce qui démontre l'influence des facteurs sociaux et autres facteurs externes sur les raisons de leur maladie. Le nombre de personnes souffrant de troubles psychologiques constatés dès l'enfance est, en revanche, très peu élevé ». Il est important de préciser que le nombre de personnes atteintes de maladies mentales n'a pas évolué au même rythme que les infrastructures censées accueillir ces personnes, ce qui explique le nombre élevé de malades errant dans les rues d'Alger. On nous informe, en outre, qu'une loi interdisant le vagabondage a été votée il y a quelques années, mais sans que cela se répercute sur le nombre de malades occupant les rues de la ville. Ces malades qui représentent, dans de nombreux cas, un véritable danger pour les autres et eux-mêmes risquent d'être encore plus nombreux si des actions concrètes ne sont pas prises. Ahmed G.

El Watan
19 juillet 2006