Tizi-Ouzou - Maladie Mentale : 2% de la population globale est psychotique

La maladie mentale est l'une des pathologies les plus dramatiques et plus préoccupantes dans la région de Tizi-Ouzou. La psychiatrie n'a bénéficié d'aucune structure depuis la création en 1972 de la "Cité psychiatrique". L'association des parents et amis des malades mentaux qui a organisé deux journées portes ouvertes sur la maladie, les 20 et 21 juin, a brossé un tableau très peu reluisant de la situation du malade, en matière de prise en charge que de son insertion en milieu social et professionnel.

La maladie mentale est l'une des pathologies les plus dramatiques et plus préoccupantes dans la région de Tizi-Ouzou. La psychiatrie n'a bénéficié d'aucune structure depuis la création en 1972 de la "Cité psychiatrique". L'association des parents et amis des malades mentaux qui a organisé deux journées portes ouvertes sur la maladie, les 20 et 21 juin, a brossé un tableau très peu reluisant de la situation du malade, en matière de prise en charge que de son insertion en milieu social et professionnel.

La population de la wilaya de Tizi-Ouzou dépassant le 1,2 million d'habitants en 2005, celle des malades psychotiques oscille entre 12 000 à 24 000, soit 1% à 2% de la population sont porteurs de pathologies psychotiques, révèle le Dr Amirèche, psychiatre à Tizi-Ouzou et vice-président de l'association. La population des malades reste tributaire dans son existence sociale des actions de son entourage, des structures de soins, de l'apport de l'Etat, précise encore notre interlocuteur sériant les circuits de soins disponibles, les possibilités thérapeutiques, les leviers de solidarité et des mécanismes de protection des malades, très insuffisants en nombre et en qualité. En matière de soins et de prise en charge des cas psychiatriques, le Dr Amirèche précise que les lits hospitaliers ont connu une diminution, malgré l'augmentation de la demande. La wilaya de Tizi-Ouzou dispose réglementairement de 370 lits dont seuls 338 sont fonctionnels (330 à Oued-Aïssi et 8 au CHU), la capacité disponible couvre en plus les patients des wilayas de Béjaïa, Bouira et Boumerdès. Conséquence directe, il est enregistré un taux d'occupation de l'ordre de 400% et cette suite directe de leur surcharge se constate dans la qualité de la prise en charge devenue une réponse à l'urgence et impossibilité de projets de soins de post-cure adéquat, et bien entendu, la durée d'hospitalisation devant être écourtée. En matière d'encadrement, le personnel disponible ne répond plus aux préoccupations. A travers les structures publiques et privées, les soins psychiatriques ne fonctionnent qu'avec 23 psychiatres pour toute la wilaya. Ce qui donne un ratio d'un psychiatre pour 54.000 habitants, alors que les recommandations sont d'un psychiatre pour 34.000, et d'un infirmier pour 25 malades. L'absence de structures d'accompagnement de soins et de resocialisation reste l'une des préoccupations de cette association qui "n'a pas les prétentions" de régler tous les problèmes. Les centres intermédiaires existants (CIS) ne sont toujours pas pourvus en moyens humains et de structures adéquates. Poursuivant son "réquisitoire", le vice-président de l'association souligne que les aides octroyées par l'Etat pour le handicapé sont rudimentaires et leur attribution relève d'un parcours du combattant. "Elles obéissent à des références cliniques peu claires, car la même pathologie est rétribuée différemment (80 à 100%)". Ce qui est scandaleux, pour l'association, c'est l'impossibilité pour un jeune malade n'atteignant pas les 18 ans d'acquérir une carte de handicapé, donc exclu du circuit de soins et d'aide. Notre psychiatre s'indigne (ou presque) du fait que la commission de wilaya de psychiatrie, qui, théoriquement, joue le rôle d'arbitre et de recours dans le cadre social ou juridique, pourtant réglementairement prévue, n'a jamais été mise en place, ni installée. Affirmant, au passage, que les circuits de soins déterminés par la loi (23 octobre 1976), notamment les différentes modalités d'hospitalisation ne sont pas connus ni appliqués. Des actions de sensibilisation pour défendre le droit des malades et lutter contre leur stigmatisation n'en manqueront pas à l'avenir. Une série d'actions est d'ores et déjà envisagée par l'association, entre autres la mise en place d'un lieu et d'un lien au sein d'une structure adaptée permettant la mise en place de protocoles de réinsertion sociale et d'apprentissages d'habilités sociales.

J. L. Hassani
Le soir d'Algérie
22/06/2006