L'handicap mental touche 138.000 personnes

En Algérie la santé mentale a toujours constitué un objet de préoccupation pour les autorités sanitaires. Un bureau des maladies mentales a été ouvert au sein des structures centrales du ministère de la Santé en 1963, comme il a été créé une sous-direction de la santé mentale au sein de la direction des actions sanitaires en milieux spécifiques. Plusieurs études ont été menées dans ce domaines, en particulier depuis 1990. La dernière sur la santé de la famille menée entre les mois de septembre et novembre 2002 par le ministère de la Santé, en collaboration avec l'OMS, et qui a cherché à évaluer la prévalence des maladies mentales dans la population, a permis de confirmer les chiffres du recensement général de la population et de l'habitat pratiqué en 1998 par l'Office national des statistiques. Ce dernier, a montré que le handicap mental touchait 138.005 personnes dont le quart était âgé de 10 à 24 ans. La plus forte proportion concernait les adultes de 25 à 44 ans avec 41%. La prévalence du handicap mental était de 474.2 pour 100.000 habitants et elle atteignait 194 pour 100.000 habitants pour le groupe d'âge de 25-44 ans, Ce type d'handicap était essentiellement masculin en ce sens qu'il avait été recensé à cette date presque deux handicapés de sexe masculin pour un du sexe féminin. La réparation selon le milieu de résidence, révélait une légère prédominance du milieu urbain avec 58,6% contre 41,4% en milieu rural.

Pour ce qui est des ressources disponibles on remarquera que d'après la carte de santé mentale établie par la direction des actions sanitaires en milieux spécifiques que les ressources humaines et matérielles se répartissent comme suite: Sur les 13 CHU du pays, 7 d'entre eux possèdent des services spécialisés en psychiatrie. Ces CHU se trouvent dans les wilayas d'Alger, de Blida, de Constantine, d'Oran de Sidi Bel-Abbès de Tizi Ouzou et de Tlemcen. Ils ont une capacité de 1353 lits. Pour ce qui est des établissements spécialisés (EHS), on notera que sur les 31 existants, 10 sont spécialisés en psychiatrie. Ces structures qui ont une capacité de 2633 lits comptent 69 médecins spécialistes de santé publique, 27 médecins généralistes psychologues, 10 chirurgiens-dentistes et 6 pharmaciens. Parmi les 10 EHS en psychiatrie, 5 ont une vocation hospitalo-universitaire.
Dans les statistiques de 2002, le bilan d'activités des 10 établissements hospitaliers spécialisés en psychiatrie en 2001 montre qu'il y a eu 16.382 admissions représentant 709.863 journées d'hospitalisation, 116.963 consultations spécialisées et 12.682 consultations d'urgence. Le programme national de santé mentale est conforme aux recommandations du rapport de l'OMS sur la santé dans le monde 2001 intitulé "La santé mentale: nouvelle conception, nouveaux espoirs".Il a été élaboré sur la base des consultations de professionnels. Cette élaboration a connu plusieurs étapes dont la première a été l'organisation d'un séminaire atelier les 2 et 3 avril 2001 à l'INSP pour déterminer les grandes lignes d'un avant-projet de ce programme national. Le but de ce dernier, est de prévenir et de combattre les troubles mentaux, neurologiques et psychosociaux et de contribuer ainsi à l'amélioration de la qualité de la vie de l'ensemble de la population. Parmi les objectifs fixés par ce programme, on cite la réduction de l'incidence et de la prévalence de certains troubles mentaux et neurologiques comme la dépression, l'arriération mentale, la toxicomanie, l'épilepsie et les troubles psychosociaux liés aux événements traumatisants. Le programme insiste aussi sur la mise en place d'une organisation de soins la plus adaptée, la plus efficace et la moins coûteuse possible avec une législation effective en harmonie avec cette organisation de soins, Le renforcement de la prévention est parmi les objectifs tracés par ce programme, il s'agit de la mis en place de mécanismes de réhabilitation et l'élaboration de programmes de communication pour l'éducation sanitaire des citoyens, en terme de santé mentale, conforme à l'approche et non à l'exclusion des malades mentaux". La mise en œuvre d'une planification de la formation adaptée aux besoins et aux possibilités a été également soulignée dans ce programme. Il y a lieu de souligner qu'un dispositif de prise en charge de malades mentaux errants a été mis en place au niveau 37 wilayas.

El Moudjahid
Sarah Sofi
Lundi 28 juillet 2003