Forum de Annaba : l'ombre du professeur Bensmaïn

Les psychiatres des bords de la Méditerranée sont en appel pour deux jours, les 9 et 10 octobre, dans le cadre du Forum méditerranéen de psychiatrie et médecine de Annaba. Les professeurs Darcourt, Debout (France) Koksal (Turquie) et Boudef (Algérie) ont annoncé la couleur à l'occasion d'un dîner-débats offert mardi dernier.

C'est, en quelque sorte, une manière comme une autre pour les psychiatres présents de dresser les contours des travaux de cette manifestation scientifique programmée à l'hôtel Seybouse international. Une manière aussi de rétablir le dialogue entre les psychiatres de plusieurs pays des bords de la Méditerranée dans un monde de la psychiatrie et de la psychanalyse où l'on se côtoie plus qu'on n'échange. Dans les discussions à bâtons rompus engagées en présence des représentants de plusieurs titres de presse, les psychiatres ont donné un avant-goût de ce que sera l'évaluation de dix années d'activité depuis la création, en octobre 1993, des premières journées de psychiatrie de Annaba. Les grandes lignes des thèmes à débattre durant le forum recensent, épluchent et analysent l'ensemble des actions menées ou à mener dans la psychiatrie. A travers des questionnements et des réponses, ils ont précisé les effets heureux des traitements et ont souligné les points d'interrogation essentiels à débattre. Unanimes, les praticiens ont précisé les progrès enregistrés en psychiatrie et, superficiellement, abordé les troubles psychotiques et la nécessité d'une plus grande application de la psychiatrie de liaison et de proximité. Il s'agit là d'un préambule à ce forum qui donne plus de consistance aux communications annoncées avec pour auteurs des sommités, dont des Algériens, du monde méditerranéen de la psychiatrie. Psychanalystes et psychiatres présents à ce forum auront pour compagnon l'ombre de David Cooper hérault de la psychiatrie moderne et pionnier de l'antipsychiatrie. Dans le programme, il est également prévu la psychiatrie avec ses dimensions organique, sociale et politique. Les sujets sont révélateurs du souci des psychiatres de mieux appréhender leur mission de thérapeutes dont le rôle essentiel est d'accompagner leurs patients dans le voyage hors normes qu'ils effectuent malgré eux. Tout en ayant à l'esprit la pensée psychiatrique du défunt professeur Belgacem Bensmaïn, les praticiens d'ici et d'ailleurs ne manqueront certainement pas de citer les pionniers que furent Tosquelle, Daumezon, Bonnafé. Ces grands noms de la psychiatrie avaient fait leur la lutte pour la promotion de soins hors d'asile, c'est-à-dire la psychiatrie de liaison et de proximité. En décidant de mettre en compétition le prix Belgacem Bensmaïn de psychiatrie et médecine 2003, l'association de psychiatrie de Constantine donne un plus au travail de recherche sur le même thème.

El Watan
9 octobre 2003