Traumatisme des mémoires, mémoire des traumatismes. Autour de la guerre d'Algérie

La Société Franco-Algérienne de Psychiatrie organise le mercredi 11 octobre à l'hôpital Georges Pompidou à Paris, un colloque consacré aux traumatismes de la guerre d'Algérie. Notre objectif est de traiter des traumatismes de la mémoire et de la mémoire des traumatismes en rapport avec la guerre d'Algérie en croisant divers regards sur la question : historiens, psychiatres, écrivains, neuropsychologues, ...

Ce colloque devrait contribuer à mieux comprendre pourquoi la guerre et les drames vécus il y a près de 60 ans continuent de produire des effets particuliers sur la mémoire. Quels en sont les mécanismes, les processus en cause? La particularité de la Guerre d'Algérie est qu'elle est l'objet d'une chape de plomb collective, d'un silence embarrassé de tous ceux qui l'ont vécue. Il semble assez clair que la mémoire individuelle interagit avec les représentations collectives et la manière dont sont traités ces événements par le corps social tout entier. Il y a intrication entre mémoire individuelle, mémoire collective et mémoire historique.

Comme disait Paul Ricoeur « Je reste troublé par l’inquiétant spectacle que donne le trop de mémoire ici, le trop d’oubli ailleurs, pour ne rien dire de l’influence des commémorations et des abus de mémoire – et d’oubli. L’idée d’une politique de la juste mémoire est à cet égard un de mes thèmes civiques avoués ».

Dans le cadre de ce colloque, nous souhaitons adopter une démarche "centripète", partir des divers travaux généraux d'historiens, de neuro-psychologues, psychiatres, ... sur les liens entre mémoires individuelles, collectives et historiques et les traumatismes des mémoires, pour tenter de comprendre un peu mieux les spécificités liés à la guerre d'Algérie. Il nous semble que "l'amnésie collective" qui entoure cette guerre imprègne de manière très sensible les mémoires individuelles. Nous sommes par ailleurs assez frappés par l'absence de travaux des psychiatres des deux pays sur cette question essentielle contrairement à d'autres guerres qui on donné lieu à une littérature scientifique plutôt dense et riche.

Il est également difficile, voire impossible, de comprendre pleinement la mémoire collective si l’on ne prend pas en compte le regard des neurosciences sur la mémoire et, à l’inverse de comprendre ces dynamiques sans prendre en compte les influences sociales.

Voici quelques titres de conférences déjà prévues :

-13 Novembre : un programme de recherche sur les mémoires traumatiques. Pr Francis Eustache. Directeur de l'unité Inserm-EPHE (Neuropsychologie et Imagerie de la Mémoire Humaine). Caen

- Retour sur le modèle du « traumatisme historique ». A propos du vote Front National chez les pieds noirs. Eric Savarese (Professeur de Science Politique à l’Université de Montpellier)

- Mémoire et identité après un traumatisme complexe ». Fabrice Berna (Praticien Hospitalier - MD, PhD, HDR. Inserm, Strasbourg)

- Lien entre le traumatisme colonial algérien et son omniprésence dans le présent traumatique. Pascal Blanchard (Groupe de recherche Achac)

- La guerre d’indépendance algérienne. Mémoires françaises. Sylvie Thénault (Directrice de recherche au CNRS)

-Les immigrés algériens en France pendant la guerre d'Algérie. Traumatismes et identités. Benjamin Stora.

-La mémoire traumatisante dans quelques romans et nouvelles d'auteurs franco-algériens. Désirée Schyns. Professeur à l'Université de Gand.

-L’articulation mémoire individuelle/mémoire collective. Denis Peschanski. (Directeur de recherche au CNRS)

Connaissance des faits, tabou du récit, silence ... Conférence de clôture. Alexis Jenni (Lauréat du Prix Goncourt, 2011)

Pour les inscriptions : 

www.katanasante.com/nos-evenements/congres-afmp.